Bien-être au travail. Et si on parlait de « bon-être » ?
La quête du bien-être au travail fait l’objet d’une littérature abondante. Elle nourrit de nombreux débats dans l’entreprise, sur les réseaux sociaux et plus largement dans une société appelée à donner du sens. Le rôle de l’entreprise, d’une organisation professionnelle est-il de contribuer au bonheur de ses salariés ?
Le Bien-être au travail, une simple question de bienveillance et de bon sens
Une mission effectuée récemment pour le compte du cabinet Wunjo-QVT(1) m’a amenée à me pencher sur le sujet de l’organisation bienveillante.
Cette approche est encore loin de faire l’unanimité, mais j’ai personnellement toujours privilégié la qualité de ma relation à l’Autre, notamment en tant que manager. Être à l’écoute, encourager l’autonomie et la prise d’initiative, laisser de la flexibilité sont les leviers d’une coopération efficace, d’un engagement réciproque. Donner le meilleur de soi pour obtenir le meilleur en retour. J’aurai l’occasion de revenir dans ce blog sur « la théorie du don », développée par Marcel Mauss et Norbert Alter.
De nombreuses études, parmi lesquelles le rapport « Human Capital Trends 2020 » du cabinet Deloitte(2), soulignent l’importance d’avoir une culture d’entreprise bienveillante au sein des organisations. D’autres ont démontré les effets délétères du mal-être, qui coûterait de façon directe ou indirecte des millions d’euros en perte de performance (absentéisme, présentéisme, turnover).
J’ai eu trop souvent l’occasion de constater ce qu’un dirigeant ou un manager dépourvu d’empathie et de bienveillance pouvait engendrer. Cette sensation de ne pas être digne de confiance, parce que malgré tous vos efforts et votre investissement ce n’est jamais assez. Pas assez innovant, pas assez rapide, pas assez rentable.
La bienveillance en entreprise, une dimension systémique
Il appartient au dirigeant, dans l’intérêt individuel et collectif, de tout mettre en œuvre pour garantir à ses salariés la meilleure qualité de vie au travail. Il le fait, bien sûr, dans la mesure de ses moyens, mais c’est avant tout une question de volonté. D’ailleurs si l’on s’en tient à l’étymologie, le mot bienveillance – du latin benevolens – veut dire « vouloir du bien ».
Pour autant, le bien-être fait appel à des besoins intrinsèques qui pour beaucoup relèvent de la sphère privée : la confiance et l’estime de soi, l’équilibre familial et amoureux, sa santé et celle de ses proches… Mon expérience du burn out m’a donné l’occasion de percevoir à quel point la vie professionnelle peut être le réceptacle ou le déclencheur d’un mal-être plus global.
Alors oui, l’entreprise doit être bienveillante, mais elle doit aussi viser un objectif plus pragmatique que le bien-être au travail, plus proche de sa raison d’être initiale : s’attacher à la qualité même du travail et aux conditions dans lesquelles il s’exerce.
Pour une approche pragmatique de la Qualité de Vie au Travail
Un article paru en septembre dernier dans la revue Études(3) pose un regard intéressant sur l’excès « d’intellectualisation » ou l’instrumentalisation de cette volonté de donner du sens au travail. L’article propose de recentrer notre attention sur des composantes concrètes : les pratiques et les compétences professionnelles, la transmission des savoirs, la pertinence de ce que nous fabriquons ou distribuons…
C’est aussi sous cet angle que je conçois la QVT et la promeus auprès de mes clients, loin des artifices qu’on lui attribue parfois (ah, les fameux baby-foot, buffet garni de fruits frais et autre salle de sport !). La QVT, c’est une façon de s’assurer que le travail remplit au quotidien ses fonctions premières de réalisation de soi et de tissage du lien social. Un travail épanouissant et gratifiant permet à chacun d’œuvrer pour quelque chose d’utile, d’être respectable et respecté, d’obtenir de la reconnaissance pour cela. En un mot, se savoir « bon » pour se sentir bien.
Le véritable enjeu est donc bien le « bon-être » au travail.
(1) https://www.wunjo.life/culture-prevention-des-managers-qvt/
(3) https://www.revue-etudes.com/article/du-sens-au-travail-une-quete-existentielle-23707